Le mot du curé :
La sainte colère de Jésus nous est connue et familière. Nous pouvons aisément nous contenter de partager l’indignation du Seigneur devant ce qui est devenu peu à peu un scandale, la marchandisation du fait religieux. Et nous l’entendons souvent assimilé aux nombreux commerçants des rues lourdaises. Faisons attention qu’une démarche du Christ comprend toujours un degré différent du seul geste historique. C’est d’ailleurs pour cela que nous pouvons parler de “signe“. Aujourd’hui, il y bien ce refus de Jésus de laisser souiller le Temple, lieu de la présence divine au milieu de son peuple, par les nombreux trafics. Mais ce geste est également prophétique pour nous annoncer la disparition d’une présence géographique unique de Dieu dans le Saint des Saints. C’est le Corps du Christ qui devient lieu de présence. Cela commence par le Corps ressuscité et glorieux du matin de Pâques. Cette présence est continuée dans l’Église. Et c’est là que nous sommes directement concernés : si nous sommes les pierres vivantes constituant le Corps du Christ qu’est l’Église, alors nous sommes Temple, Maison du Père. Par là, le Seigneur nous renvoie directement à notre vie personnelle. Dans quelle mesure le Temple de Dieu que nous sommes est-il encombré de marchandises et de monnaies auxquelles nous sommes habitués et qui sont un obstacle pour notre vie spirituelle et pour l’efficacité de la grâce divine aujourd’hui et maintenant ? Notre vie est-elle ordonnée vers Dieu ? Est-elle plus prosaïquement dirigée vers ce monde matériel dans lequel nous conservons timidement une petite place pour le Seigneur ?
Le temps du Carême est celui de la réponse à ces questions. Il peut être pour nous le temps de la ré-orientation de notre élan vital. Remettre dans l’ordre de Dieu afin de recevoir de Dieu la paix et la sérénité qui mettront joie et bonheur dans notre vie. Si je me reconstruis dans ma dignité d’enfant de Dieu en recevant le pardon du Père, signe de sa miséricorde, alors la restauration de l’ordre divin sera source d’un équilibre nouveau dans ma relation avec ceux que le Seigneur mettra sur ma route et avec moi-même. En remettant Dieu au centre de tout, je reconstruis le Temple autour de sa présence et c’est cette présence qui rayonnera de ce Temple vers le monde. C’est tout le sens de la première lecture tirée du Livre de l’Exode. Ces commandements donnés à Moïse reflètent cette vision que le Seigneur a pour chacun d’entre nous. Ayons à cœur d’y entrer : c’est le chemin du bonheur qui sera pour nous paix et joie dans l’amour que Dieu nous porte.