Chers paroissiens, ou gens de passage,
L'Évangile de ce dimanche nous présente une scène à la fois poignante et pleine d’espérance : celle de l’aveugle Bartimée qui, malgré les obstacles, s’adresse à Jésus avec une foi profonde. Dans cet évangile, nous voyons un homme visiblement marginalisé : il est assis, aveugle et au bord du chemin. Il peut arriver que nous-même, ou bien des gens que nous connaissons, se retrouvent dans une situation similaire, au moins dans la mesure où Bartimée représente notre découragement face aux nombreux obstacles de la vie. Aveugle ? cela peut bien nous arriver. Il suffit de constater la perte de repère généralisée qui caractérise notre époque : on ne sait trop à qui faire confiance, la vertu se “ringardise“ au profit de certaines philosophies de vie qui finissent par laisser parler le plus fort, l’espérance pour le salut de nos proches est remplacée par une sinistre et cynique fête de la mort et de la morbidité, les crises se multiplient, etc... Beaucoup aujourd’hui se retrouvent empêtrés dans des peurs et des doutes en fin de compte assez légitimes, dans cette société qui a banni la notion même d’espérance.
Nous-mêmes, chrétiens porteurs de cet autre chose dont notre monde a besoin, il nous arrive d’éprouver notre nudité, notre faiblesse, notre manque de foi et d’espérance au contact d’une Église elle aussi tourmentée par les flots de la tempête sociétale. Ainsi nous le voyons, nous pouvons facilement nous identifier à cet aveuglement, à cette mendicité et à ce découragement qui nous fait baisser les bras et nous assoir au bord du chemin.
« Ils avancent dans les pleurs et les supplications » prophétise Isaïe aujourd’hui. Voici que notre manière d’avancer face à l’adversité nous est montrée par Isaïe et Bartimée : les pleurs et les supplications. Jésus attend notre cœur pour raviver la flamme en nous. Les saints que nous allons bientôt fêter ne sont pas des figures systématiquement exceptionnelles, mais elles sont des âmes qui ont bravé le « qu’en dira-t-on » pour livrer la vraie pauvreté de leur cœur au Seigneur. Les gens autour de Jésus tentent de faire taire Bartimée : n’est-ce pas le signe que naturellement nous sommes gênés par la spontanéité de la prière ? Puissions-nous demander et obtenir la grâce de cette spontanéité qui dit « Rabbouni », qui signe d’une grande affection cette demande bravant l’interdit de la pudeur sociale !