« Sur ta parole » Voilà donc un charpentier qui se mêle de pêche et veut donner à un professionnel un conseil dans un domaine qui n’est pas le sien. Vous êtes en train de ranger votre matériel, un tantinet dépité d’être bredouille après une nuit blanche, comment auriez-vous réagi à la place de Simon ? Pourtant, il acquiesce à la parole de Jésus : « sur ta parole », lui dit-il. Faut-il qu’elle ait de la consistance et de l’autorité, cette parole.
Que vaut la parole aujourd’hui ? La parole des acteurs politiques, la parole des journalistes, des publicistes, des parents ? Nous savons bien qu’elle ne suscite pas ou plus le désir de l’engagement, de la persévérance. Et pourtant, on la manipule, on la triture, on la fait évoluer pour qu’elle ait un peu de performativité. On l’a même synthétisée ! Mais dans ce monde où l’on n’a jamais autant parlé, tous déplorent un manque d’engagement, d’écoute, tant dans le monde professionnel qu’associatif ou familial.
Face à cela, il y a la parole du Christ, Parole de Dieu qui ouvre des chemins de vie et de service. Simon, qui n’est pas encore devenu Pierre, accueille cette Parole et voit non seulement une pêche miraculeuse, mais entend un appel à suivre le Christ pour mettre ses compétences au service du Royaume de Dieu. Il aura à faire un long apprentissage - il lui faudra même passer par l’épreuve du reniement - avant que sa parole obéisse à l’injonction du Christ : « que votre oui soit oui et votre non, non ! » (Mt 5,37). Bien évidemment, l’injonction du Christ ne signifie pas qu’il faut raisonner en mode binaire, mais bien qu’il faut que la parole soit droite et consistante. Alors la parole de Simon deviendra et demeurera une parole d’autorité féconde.
Le disciple du Christ se doit d’être un homme de parole comme un homme de la Parole. Peut-être pourrions-nous nous demander quelle est la consistance humaine et évangélique de notre parole ?