Le mot du curé : Peut-on mettre Jésus au milieu des saucissons ?
Cette question primordiale m’a été posée à propos de l’ouverture de l’église Saint-Joseph le mercredi soir au cours du Marché Nocturne avec l’invitation par des séminaristes pleins de zèle et des paroissiens tout aussi zélés, d’entrer dans l’église pour un temps de prière, de recueillement, de découverte de ce que peut être un moment spirituel. En un mot, de l’évangélisation. Aux yeux de mon interlocutrice, ce terme est déjà un gros mot. Vient rapidement l’accusation de prosélytisme. Et flèche du parthe, “et vous qui nous parlez tout le temps de sacré, comment pouvez-vous mettre Jésus au milieu des saucissons ?“
Chère madame, au risque de vous décevoir, ce n’est pas moi qui met Jésus au milieu des saucissons, c’est Lui-même qui vient s’y installer. Ses pérégrinations au milieu des juifs, des grecs, des romains et de tous les peuples environnants venant à Jérusalem, nous montrent à l’évidence Sa volonté d’être au milieu des hommes de son temps. Et depuis deux mille ans, l’Église nous a toujours invité à suivre l’exemple de cette annonce explicite de la Bonne Nouvelle. Il est vrai qu’une tendance des dernières décennies avait absolument voulu tout cacher pour être comme le ferment dans la pâte. C’est la vision tout à fait respectable d’une génération qui tend à disparaître et dont les fruits me sont difficilement perceptibles. Nous retrouvons aujourd’hui la visibilité décomplexée de l’Église. On peut le regretter. On doit observer que c’est un des besoins reconnus comme essentiels par les nouvelles générations. Certains me diront qu’il s’agit d’ un retour en arrière ? Mais, ces générations n’ont pas connu votre jeunesse et l’expression d’une foi qui vous a traumatisée. C’est donc un jaillissement spontané : ai-je le droit de penser qu’il vient de l’Esprit Saint ?