Pour le Seigneur, chacun des signes qu’Il accomplit est une occasion de catéchèse au-delà de la finalité première de l’acte qu’Il pose. Aujourd’hui, nous contemplons en premier lieu l’expression de la compassion du Christ pour cette personne malade que la foule le supplie de guérir. Il y a donc, de manière historique, ce geste accompli devant tous mais qui s’adresse à ce malade. Cette manifestation de la toute puissance divine dépassant les lois de la nature fait grandir notre foi en la réalité de la personne du Christ, Maître et Seigneur.
La manière que Jésus utilise pour guérir cet homme est aussi un enseignement : une simple parole aurait pu suffire. La volonté du Christ de passer par des gestes et une parole pour effectuer cette guérison nous fait entrevoir deux réalités. Premièrement, c’est toute la personne humaine qui est engagée dans le processus. Le corps et l’esprit sont acteurs pour nous montrer l’unité nécessaire et la bonté de chacune des composantes. C’est une erreur commune de la philosophie humaine déconnectée du réel de vouloir affirmer une pseudo bonté exclusive de l’esprit et une pseudo malice du corps. La philosophie réaliste d’Aristote, que reprendra le grand théologien saint Thomas d’Aquin et qui est une des bases de la philosophie catholique, réunit les deux composantes comme intrinsèquement nécessaires à la composition de la personne humaine. Le Seigneur nous montre ainsi cette bonté de la matière, du monde physique issue de sa volonté créatrice pour notre bien. C’est le fondement de cette écologie chrétienne dont nous parle le pape François dans son encyclique “Laudato si“.
En second lieu, c’est toute la théologie des sacrements qui est contenue dans cet Évangile que nous méditons aujourd’hui. Si nous reprenons la définition que nous en donne le catéchisme, nous la trouvons parfaitement accomplie dans ce miracle : un sacrement est le signe visible défini par l’Église, d’une réalité invisible qui fait naître et grandir ou restaure la vie divine dans notre âme. Si nous prenons l’exemple du baptême, l’eau versée en prononçant les paroles : “ Emmanuel, je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit“ est le signe visible. La réalité invisible sera la vie de Dieu, Père, Fils et Saint Esprit venant habiter l’âme du baptisé, effaçant en elle la tache du péché originel pour lui conférer l’adoption filiale et lui donner en germe la foi, l’espérance et la charité. C’est donc une catéchèse sacramentelle que le Seigneur effectue aujourd’hui. Que ce soit pour nous l’occasion d’approfondir notre foi en l’efficacité de la grâce à travers ces signes que nous donne l’Église et que nous recevons comme tels. Sachons aussi rendre grâce pour cette proximité et cette simplicité voulues par Dieu pour se rapprocher de nous.