Comment refuser le témoignage de ces hommes qui se présentent eux-mêmes comme lâches et incrédules ? Rien n’est logique dans cette démarche des apôtres ou des évangélistes. C’est sans doute ce qui nous entraîne le plus à avoir confiance en l’authenticité de leur récit. Et nous pouvons rapprocher la rencontre de Thomas avec le Seigneur de la non-rencontre de Jean au tombeau. Il est difficile d’imaginer des attitudes aussi opposées et pourtant totalement complémentaires. En effet, Jean comme Thomas représentent ce que nous vivons et ce que nous sommes : nos élans et nos enthousiasmes comme nos doutes et nos interrogations. «Il vit et il crut». «Parce que tu as vu, tu as cru.» C’est toute l’humanité dans son parcours de foi qui est résumée. Nous avons besoin de l’historicité et de toucher, d’entendre, de voir, de sentir, de goûter pour connaître. Et c’est ce que revendique Thomas et c’est ce qu’accepte Jésus. Nous devons faire attention de ne pas tomber dans le fidéisme qui est de croire aveuglément les thèses fumeuses d’un gourou. Il nous a été donné, et Dieu sait que le pape Benoît XVI a insisté sur ce point, les facultés de connaître et d’aimer. Ou plutôt de connaître pour aimer. L'intelligence et l’amour, caractéristiques exclusives de l’âme rationnelle humaine, nous ont été données d’abord pour connaître et aimer Dieu.
Cette connaissance et cet amour nous font nous émerveiller chaque jour un peu plus devant Dieu en découvrant les merveilles qu’Il accomplit pour nous. Afin de nous prodiguer la Miséricorde du Salut, Il nous entraîne par sa mort sur la croix jusqu’à la résurrection au matin de Pâques.
Pour aimer, nous devons nous émerveiller. Pour nous émerveiller nous devons connaître. C’est la raison pour laquelle nous devons par notre intelligence acquérir la connaissance nécessaire des mystères du Salut. Recevoir l’enseignement de Dieu à travers sa Parole et celle du magistère de l’Église est pour nous vital et essentiel, comme la prière nous est essentiellement nécessaire. Que ce temps pascal nous donne la grâce, par une prière renouvelée dans l’action de grâce et par une connaissance rafraîchie par un vrai travail de notre intelligence, d’entrer plus profondément dans le cœur du Christ, dans son Sacré-Cœur, ce Cœur qui a tant aimé les hommes comme Il l’a rappelé Lui-même à Paray le Monial à sainte Marguerite Marie.