Quel contraste entre ce que nous imaginons trop souvent de l’Évangile et la péricope, (c’est à dire le passage choisi par l’Église pour notre méditation), de ce dimanche : « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. » Car nous oublions que notre conversion au Christ vivant ressuscité, le changement radical que cela devrait entraîner dans notre vie engendrera une réaction quelquefois violente contre nous. La haine qui s’est déchaînée contre Jésus et qui a conduit à la Croix sera la même pour celui qui prendra sa Croix afin de suivre le Seigneur.
Si le disciple doit chercher à vivre selon l’esprit des Béatitudes, s’il doit être doux et humble de cœur et artisan de paix, il ne doit jamais oublier que depuis le péché originel, le mal est entré dans le monde et que son propagateur, Satan, cherchera toujours à créer le trouble et la division et ce, jusqu’à la fin des temps. Être du Christ, c’est monter avec Lui au Calvaire pour, bien sûr, ressusciter avec Lui dans la gloire. Si nous restons fermes dans l’espérance malgré les contradictions, voire les persécutions, que peuvent entraîner nos conversions personnelles ou sociétales, c’est que nous sommes assurés de la victoire finale de la Vie sur la mort éternelle et le péché. Oublier cette certitude, c’est risquer la désespérance. Oublier la réalité du péché et de sa conséquence, la division, c’est risquer un idéalisme trompeur qui pourra à terme, après prise de conscience du réel, nous entraîner également à la désillusion et à la désespérance.
Le chrétien est avant toute chose un réaliste. Il sait l’apparence de la victoire du mal. Mais son attachement au Seigneur lui fait dépasser cette réalité pour suivre le Christ, Chemin, Vérité et Vie.