Qui sont ces deux hommes qui font route vers Emmaüs ? En premier lieu, il y a eu ces deux disciples, qui au soir de Pâques, marchaient désespérés pour rentrer chez eux après avoir perdu toutes leurs illusions et le but de leur vie. Le Seigneur les rejoint dans leur état d’âme : Il vient dans leur vie là où ils en sont et à partir de ce qu’ils vivent, les reconduit sur un chemin d’espérance. Mais Il le fait très progressivement, à leur rythme. Et c’est dans le geste ultime de la fraction du pain, c’est à dire de l’Eucharistie qu’ils reconnaissent enfin, après toute la catéchèse faite par le Christ.
Nous sommes les disciples d’Emmaüs ! C’est le second degré de la lecture de ce passage de l’Évangile : nous aider à entrer dans la proposition divine. Dieu nous rejoint là où nous en sommes de notre vie quotidienne. Il en connait toutes les grandeurs et toutes les misères : Il les connait même mieux que nous ! Et Il les regarde sûrement avec plus d’émerveillement ou de miséricorde que nous-mêmes.
Aujourd’hui, Il nous rejoint dans nos moments de difficultés, de doutes, voire de désespérance. Nous ne discernons plus rien : soit que les épreuves deviennent trop lourdes ou trop nombreuses, soit que la facilité de la vie nous éloigne du regard de Dieu. Comme nos deux pèlerins, nous oublions tout ce que le Seigneur a pu nous apprendre pour lire les signes de sa présence dans notre vie. Il est donc évident que nous allons tout interpréter de manière négative, surtout si nous sommes dans une phase de désespérance. Nous en arriverons rapidement à la conclusion que Dieu nous a abandonné. Comment alors retrouver la paix, la sérénité et la confiance ? Il faut laisser entrer en nous la grâce divine et malgré notre détresse demander au Seigneur la force de l’Esprit-Saint afin de rendre disponible notre intelligence, notre conscience puis notre volonté. Il faut toujours commencer par redonner à la grâce la possibilité d’entrer en nous en levant notamment les obstacles du péché : la confession et la communion sont la base de tout. Souvenons-nous de la fameuse rencontre entre le vicomte Charles de Foucauld, dissipé mais en recherche, avec l’abbé Huvelin : « Monsieur l’abbé, je n’ai pas la foi.» « Confessez-vous ! »
Seule la grâce de Dieu nous prépare à recevoir la grâce de conversion qui nous est nécessaire. En lisant le passage nous narrant l’aventure des deux disciples d’Emmaüs, nous savons que Dieu prendra tous les moyens pour que nous puissions nous rendre disponible à sa grâce : pour nous quelle espérance !