La méditation de notre péricope dominicale nous entraîne sur deux voies de réflexions bien séparées. La première nous fait entrer dans ce que doit être l’attitude spirituelle du disciple : l’humilité. Nous en avons déjà parlé. Il s’agit de cette disponibilité et ouverture du cœur qui découle de la constatation que peut faire le disciple de sa faiblesse et de sa misère. Pour être humble je dois d’abord constater que j’ai besoin de Dieu ; pour constater ce besoin vital, je dois déduire de ma vie ma difficulté à sortir de l’esclavage du péché ; pour déduire cette difficulté, je dois réaliser que je suis pécheur. Or la société dans laquelle nous vivons qui place l’individualisme et l’égo comme valeur première, qui place l’individu comme étant décideur de ce qui est bien ou de ce qui est mal, cette société nous refuse en quelque sorte notre clairvoyance vitale concernant notre péché. Il est donc essentiel et salutaire pour nous, de savoir prendre le recul nécessaire pour nous : nous sommes dans ce monde, mais nous ne sommes pas de ce monde.
La deuxième voie où nous entraîne notre réflexion est l’admiration émerveillée de la tendresse de Dieu. Bien sûr, Il nous révèle la force et la folie de son amour pour nous en allant jusqu’au bout de la croix : ce cœur, ce Sacré Cœur que l’Église nous invite à prier s’est laissé transpercer par amour pour nous. Je sais que notre époque orgueilleuse fait fi de ce genre de dévotion puérile réservée aux âmes abêties de nos aïeux. Pour ma part, dans l’infinie puissance des moyens utilisés par Dieu pour me sauver, je suis bienheureux de pouvoir me confier à un Cœur qui a battu pour moi, me révélant un amour dont je peux vivre chaque jour de ma vie. Je sais en outre, puisqu’Il me le dit Lui-même que cet amour vient me soulager dans mes fardeaux quotidiens, portant mes croix avec moi lorsque je Le suis. Il y a donc pour moi une ouverture et une disponibilité plus grande de mon cœur envers le sien car sa douceur et son humilité me le rendent si proche. Commençons donc par entrer dans l’émerveillement et l’adoration : ils nous conduiront sur le chemin de l’humilité. Alors comme chacun des saints depuis la Vierge Marie, nous pourrons chanter devant le monde étonné les merveilles que le Seigneur a accompli dans chacune de nos vies.