Ce passage du jeune homme riche nous est bien connu, mais nous retenons trop souvent qu’il s’en alla tout triste. Un verset pourtant devrait attirer notre attention : « Alors Jésus posa son regard sur lui et Il l’aima.» C’est toute la bienveillance de Dieu qui se manifeste ici. Avant toute chose, Dieu aime la personne que nous sommes, dont Il est origine et destination, et qu’Il a créée pour l’aimer et en être aimé. Quelle leçon ! Nous qui jugeons si rapidement sur la mine ou en fonction des actes, alors que le Seigneur sépare parfaitement l’être de la personne qu’Il aime inconditionnellement et son agir qu’Il peut admirer ou éventuellement condamner fermement. Une récente polémique concernant notre pape François illustre cette difficulté humaine à séparer les deux : encore une fois en audience générale, le pape condamne sans appel le crime de l’avortement. Encore une fois, ses détracteurs l’accusent de condamner les femmes qui pourraient avoir accompli ce geste. Unir l’être et l’agir, c’est toujours aboutir à un processus de condamnation voire d’élimination. Avoir le regard de Dieu, c’est contempler l’autre dans ce qu’il est : une créature à l’image et à la ressemblance de Dieu. Quelle espérance ! Car cela nous permet de toujours compter sur la miséricorde de Dieu. La justice divine sanctionnera les péchés, mais le pardon divin réconciliera le pécheur qui le demande. Pour notre propre vie, il nous faut demander ce regard de bienveillance que le Seigneur pose sur nous afin que nous puissions à notre tour le poser sur les autres. Le seul à priori qui nous sera alors coutumier sera celui de l’amour. Regarder comme Dieu regarde, c’est aimer comme Dieu aime.