Faisons attention de ne pas donner à ce passage des couleurs trop tendres et doucereuses. Notre époque actuelle revêt trop souvent le terme « aimer » d’une imagerie pleine de sensiblerie. Il ne faut pas oublier que le sentiment d’amour va entraîner pour nous une réponse de DON, ce qui induit choix et donc renoncement. Parce que j’aime une femme, je renonce aux autres. Le prêtre que je suis aime Dieu d’une manière telle qu’il Lui consacre sa vie en renonçant à une vie familiale avec tout ce que cela comporte. Si ce renoncement, aussi dur soit-il, n’est pas fait avec joie, cela veut dire que ce que nous éprouvons n’est pas véritablement Amour, mais simple attirance ou désir.
Si j’aime Dieu de tout mon cœur, de toute mon âme et de tout mon esprit, alors je choisirai avec joie le Bien qu’Il me demande de vivre, et je rejetterai avec joie tout ce qui conduit au mal et m’éloigne du bonheur de la communion avec Dieu. Voilà pourquoi il s’agit d’un commandement : nous ne sommes pas dans la simple énonciation d’un « je t’aime » plus ou moins bêlant mais dans la virile et solide option préférentielle pour Celui que mon cœur aime et qui fait toute ma joie.Nous entrons dans ce qu’il y a de plus concret d’une vie humaine loin d’un idéalisme rêveur : chacun des actes que nous posons à chaque instant est concerné.
Car c’est tout ce que je vais penser dire et faire à propos de mon prochain ou pour lui qui va révéler la force du choix que j’aurai fait de me tourner vers Dieu en élisant ce qui est beau, ce qui est bien, ce qui est bon, non pas en fonction de ce que je crois ou ressens être beau, bien ou bon, mais en le recevant objectivement de Dieu. En effet, la Vérité ne dépend pas de ce que l’homme en décide de manière plus ou moins fragile, mais la Vérité est le Christ que nous acceptons ou non de recevoir.